D’où vient le Maré tèt : origines et histoire
Jadis, les esclaves travaillaient têtes nues, même si les hommes avaient quelques fois l’autorisation de porter un chapeau le dimanche. Plus tard, les esclaves de maison, que ce soit des hommes ou des femmes, portaient des turbans qui, les jours de fête, représentaient un accessoire de luxe. Les gens de couleur libres se démarquaient des esclaves en ayant des coiffes parfois encore plus extravagantes. La coiffe favorite des femmes libres de couleur était un mouchoir d’Inde, appelé »madras », qu’elles nouaient autour de leur tête. Elles aimaient aussi porter une bamboche, qui était une sorte de turban conique, sur lequel il y avait parfois un chapeau sur le dessus.
Le madras , qui provient de l’Inde, est arrivé en Guadeloupe au 18ème siècle, apporté par les commerçants anglais. Il s’est rapidement fait appeler »maré tet » (provenant du créole).
Le vrai madras était effectivement fait avec des fibres de bananier. Par la suite, le madras a été fait en coton et importé d’Europe. Ce tissu a d’ailleurs été utilisé aux Antilles avant l’arrivée des indiens.
Au fur et à mesure, les femmes ont même su parlé à travers leurs ornements de tête ! Un véritable langage est né, et en tant qu’homme, il était bien intéressant de savoir le décoder. Le nombre de pointes que comportait une coiffe avait une signification bien précise : cœur à prendre, cœur pris et lié par le mariage, vous avez des chances …
Les différents Maré tèt
Il existait donc plusieurs façons d’attacher son madras : dès l’origine, les coiffes sont multiples et originales. Il y a des coiffes confectionnées d’avance, et d’autres coiffes qui doivent directement être attachées sur la tête : c’est tout un art, et chaque coiffe portait un nom : la libérale, l’indépendante, la voile au vent, la zambo (qui était portée par les femmes désirant afficher leurs opinions politiques) …etc
A l’origine, le madras servait également à protéger les cheveux contre les sources nuisibles et les esprits maléfiques, pour les plus superstitieux.
Aujourd’hui, le »headwrapping » est devenu un véritable accessoire de mode. Beaucoup de femmes adorent porter ce type de foulard ; il permet à la fois de styliser votre tenue de façon originale, et est aussi utile en cas de « bad hair day ».
De plus en plus de stars telles que Kelly Rowland, Inna Modja ou encore Alicia Keys s’y sont misest. On le retrouve également lors des défilés de mode afro.
Avec un peu d’entraînement, et en ayant regardé quelques tutos vous deviendrez une véritable pro du »headwrapping » et vous ne pourrez plus vous en passer !
Pour réaliser une simple coiffe antillaise, ce n’est pas très compliqué !
- Tout d’abord, prenez un grand rectangle de tissus.
- Faites un revers sur le plus grand côté.
- Appliquez le foulard sur la tête et faites un premier nœud derrière la tête, coincez ensuite dans le nœud le troisième coin du foulard et glissez vos doigts sous le foulard afin de donner un effet » gonflant » à l’arrière de la coiffe.
- Faites revenir les deux bouts sur le devant et faites un deuxième nœud puis un double noeud.
- Enfin, arrangez un peu le tout, et le tour est joué !