Bien que le portugais soit aujourd’hui la langue officielle des îles du Cap-Vert, le créole du Cap-Vert ou créole capverdien comme il est communément appelé est la langue maternelle de la quasi totalité des capverdiens et la deuxième langue d’importantes communautés originaires du Cap-Vert dans d’autres pays.
Partons ensemble sur les traces de cette langue qui n’est autre que l’un des créoles les plus parlés dans le monde.
Les origines du créole capverdien
Langue à base lexicale portugaise, le vocabulaire du créole capverdien se compose entre 90 et 95 % de mots d’origine portugaise. Le reste provient principalement de plusieurs langues de l’Afrique occidentale à l’instar du mandingue, du wolof, du peul, du temne, du balante, ou encore du manjaque.
Les origines du créole capverdien restent cependant difficiles à retracer notamment à cause du manque de documentation évoquant les commencements de cette langue. Néanmoins, trois théories se confrontent quant à la naissance de ce créole.
- La théorie eurogénétique laisse entendre que le créole a été initié par les colonisateurs portugais qui auraient cherchés à simplifier la langue portugaise de manière à la rendre accessible aux esclaves africains.
- La théorie afrogénétique explique que le créole a été créé par les esclaves africains en utilisant des grammaires de langues provenant de l’Afrique occidentale et en remplaçant le lexique africain par le lexique portugais.
- La théorie neurogénétiquesoutient que le créole s’est formé d’une manière spontanée. Il ne serait pas à l’initiative des esclaves africains mais de la population née dans îles, qui aurait vraisemblablement utilisée des structures grammaticales qui seraient innées et que tout être humain semblerait posséder en lui.
A l’heure actuelle aucune de ces théories n’a pu être formellement prouvée.
Une langue à part entière
Utilisé par plus de 900 000 locuteurs dans le monde, le créole capverdien est parlé par près de 95% des 500 000 habitants du Cap-Vert et est aussi utilisé comme deuxième langue par la diaspora capverdienne dans d’autres pays. On recense pas moins de 200 000 locuteurs aux Etats-Unis, plus de 100 000 locuteurs au Portugal, environ 50 000 locuteurs en France comme aux Pays-Bas, plusieurs dizaines de milliers de locuteurs au Sénégal de même qu’en Angola mais aussi dans une moindre mesure plus de 10 000 locuteurs au Brésil, ainsi qu’en Italie et en Espagne.
Au Cap-Vert, le créole n’a pas de statut officiel, même s’il reste la langue nationale et la principale langue véhiculaire. Il est d’ailleurs largement utilisé dans les émissions de télévisions produites localement, tout comme à la radio ou encore dans les chansons capverdiennes.
Véritable langue à part entière le créolecapverdien à un rôle non négligeable dans l’étude de la créolistique puisque c’est l’un des créoles (encore parlé) les plus anciens. C’est aussi celui qui regroupe le plus grand nombre de locuteurs natifs et l’un des rares créoles en voie de devenir une langue officielle.
Un archipel mais plusieurs « créoles »
L’insularité de l’archipel du Cap-Vert a favorisé et contribué à la naissance de plusieurs dialectes. En effet, chaque île du Cap-Vert a développé sa façon propre de parler le créole.
On distingue deux grands groupes dialectaux regroupés d’une part en créole des Îles Sous-le-Vent (îles de Brava, Fogo, Malo, Santiago) représentant 70% des locuteurs résidents et d’autre part en créole des Îles-au-Vent (îles de Boa Vista, Sal, Saint-Antoine, Saint-Nicolas, Saint-Vincent) représentant 30% des locuteurs résidents.
Les deux variétés insulaires les plus parlées sont quant à elle le santiagais(55% de la population capverdienne) et le saint-vincentin(18%).
Bien qu’on dénombre un total de 9 variantes différentes, les autorités linguistiques du Cap-Vert ne font pas de distinction entre les différentes variétés de créole parlées sur le territoire capverdien et considèrent le créole comme une langue unique.